M 42 - La diversité dans Orion
La zone de formation d’étoiles, au cœur de la nébuleuse d’Orion, permet également aux astronomes citadins d’explorer les détails des structures de la nébuleuse.
Pour les observateurs citadins, la nébuleuse d’Orion, M 42, multiplie par deux le plaisir d’observer : d’une part, la performance d’un télescope et, en particulier, son pouvoir séparateur, peuvent être remarquablement testés à l’appui du système d’étoiles multiples θ1 Orionis situé dans la zone centrale lumineuse appelée région de Huygens. D’autre part, la zone intégrant les étoiles du Trapèze offre l’opportunité de pénétrer dans les structures de nébuleuses profondes d’un objet céleste. Il s’agit là d’une expérience la plupart du temps inaccessible à l’observateur de la ville.
Des observations étonnantes
Une lunette bon marché, avec une ouverture de 60 mm, permet déjà de réussir cette double expérience, à condition que l’optique repose sur une monture stable : trois étoiles du Trapèze peuvent en tout cas être nettement séparées avec un grossissement de 35x, tandis que la composante B du Trapèze, dont la magnitude va de 7,9 à 8,7 et qui est le membre le plus faible des quatre étoiles du quartette, peut être séparée avec un grossissement de 56x. Maintenant, « Sinus Magnus » (Grand Golfe) devient également détectable en tant que surface entièrement sombre bien que délimitée de la région centrale lumineuse sans grande acuité de distinction.
Passer à des lunettes d’une ouverture de 80 mm ou 100 mm n’apporte pas, par rapport au petit télescope, des résultats sensiblement meilleurs concernant la résolution des étoiles du Trapèze, si ce n’est peut-être une plus grande acuité de distinction. Le résultat, en ce qui concerne les structures de la nébuleuse est toutefois autre : avec un grossissement de 30x, déjà, des lunettes de 80 mm montrent plus de structures et un grossissement de 66x fait déjà apparaître dans la zone de la nébuleuse de fines zones lumineuses et sombres qui, avec un grossissement de 85x, peuvent être définies comme étant de petits nuages. Avec une lunette de 100 mm, l’observation sera encore un peu plus contrastée : les parties lumineuses et sombres apparaissent structurées plus finement encore et présentent globalement une image plus stable de la région Huygens.
La fascination du ciel profond
Passer à un télescope à miroir de type Cassegrain-Maksutov, avec une ouverture de 200 mm et une distance focale de 2 000 mm, apporte alors une amélioration sensible. Certes, cet instrument ne permet pas lui non plus de découvrir les deux composantes E et F les plus faibles de θ1 Orionis car les objets d’une magnitude apparente de 11 sont généralement inaccessibles aux observateurs citadins. Indépendamment du grossissement choisi, le télescope à miroir permet en revanche de résoudre les structures de nuages filigranées de la zone lumineuse de la nébuleuse d’une façon sensiblement plus plastique et plus contrastée que les lunettes.
Avec un grossissement de 216× environ, la région de Huygens remplit l’oculaire et offre une image à couper le souffle, la région Sinus Magnus se présentant sous la forme d’une surface sombre nettement délimitée au bord. Un peu de patience et de bonnes conditions d’observation permettent même de voir des filaments plus lumineux à l’intérieur de la surface sombre : une image que l’on n’obtient sinon que sur des photographies.
Au final, M 42 offre à chaque observateur (citadin) une zone d’observation que sa diversité rend difficile à égaler, quel que soit le télescope que l’on utilise.
Auteur : Karl-Peter Julius / Licence : Oculum-Verlag GmbH