Sans suivi, ça marche aussi !
L’astrophotographie itinérante
Réussir d’impressionnantes photos de la Voie Lactée, même sans équipement d’envergure. Le logiciel apporte une aide !
Aujourd’hui, l’astrophotographie demande parfois beaucoup de travail technique. Toutefois, de beaux résultats peuvent déjà être obtenus même avec des moyens très simples. Ceci est intéressant en particulier pour tous ceux qui veulent également pratiquer leur hobby en vacances. Mais il est souvent difficile d’emporter un équipement complet avec soi et une monture pour le suivi, par exemple, ne tient généralement pas dans la valise. Qu’est-il donc possible de faire, sans suivi, en astrophotographie ?
Photographier le ciel profond avec de longues distances focales n’est bien sûr pas possible sans suivi. Mais on peut par exemple photographier la Voie Lactée parée d’innombrables nébuleuses, nuages sombres et amas globulaires. Pour obtenir une image esthétique, il faut toutefois que les filés d’étoiles ne soient pas trop longs. La longueur des filés d’étoiles sur une image dépend de plusieurs facteurs. Elle peut être facilement calculée en pixels à l’aide de la formule d’évaluation suivante :
Longueur de filés en pixels = 0,0727 * f * t * cos(δ) p
f est la distance focale en mm, t le temps d’exposition en secondes, δ la déclinaison de l’objet en degrés et p la taille des pixels en μm. Les filés d’étoiles sont les plus longs près de l’équateur céleste, où la déclinaison est de 0° soit un cosinus de 1.
Le temps d’exposition correct
Si l’on veut par exemple photographier la constellation du Sagittaire avec un objectif de 35 mm et des pixels de 5 μm, on obtient une longueur de filés de deux pixels au bout de quatre secondes d’exposition. La longueur de filés maximum acceptable varie selon qu’il s’agisse, ou pas, de réduire ultérieurement la résolution de l’image. Les filés d’étoiles peuvent alors parfaitement avoir quelques pixels de longueur, mais on peut également tabler sur des pixels d’une taille en conséquence.
La photographie avec des téléobjectifs dans la gamme des 200 mm représente la limite de ce qui est réalisable. Ici, la longueur des filés est encore acceptable à des temps d’exposition de l’ordre d’une seconde. Les objets du ciel profond les plus lumineux comme, par exemple, M 31 et M 42, permettent de réaliser sans suivi des images présentant quelques détails. Mais, pour un bon rapport signal/bruit, il faut plusieurs centaines d’images qui seront moyennées lors du traitement.
Diaphragme et ISO
Outre le temps d’exposition correct, il se pose également la question des réglages optimaux de l’appareil photo et du diaphragme. Normalement, même les objectifs photo coûteux utilisés en astrophotographie se ferment parfois jusqu’à f/5,6 car rien ne fait ressortir aussi clairement les aberrations que des points lumineux sur un fond sombre. Générer le plus possible de signaux en un temps court, sur le capteur, nécessite toutefois un diaphragme largement ouvert. Sans suivi, il faut donc faire éventuellement des concessions au niveau de la qualité des images des étoiles, le meilleur compromis devant être recherché individuellement pour chaque objectif, par le biais d’une petite série d’images d’essai.
Le réglage ISO est le deuxième paramètre important, qui doit être inhabituellement porté à 1 600 au moins, voire nettement plus en fonction du comportement de l’appareil photo au bruit. Le réglage maximum judicieux dépend aussi de la température, des valeurs plus élevées pouvant être utilisées par des nuits froides.
En outre, l’appareil photo doit être utilisé en mode RAW et sans aucun traitement interne de l’image.
Correction des filés d’étoiles
Enfin, les logiciels apportent également une aide : le Fitswork, disponible gratuitement, permet par exemple de déconvoluter les filés d’étoiles. À ces fins, il faut tourner l’image, via le point de menu « Traitement – Géometrie de l’image – Rotation de l’image », de sorte que les filés d’étoiles évoluent horizontalement. « Traitement – Filtres spéciaux » permet enfin d’accéder à la fonction souhaitée. Via le curseur « Largeur horizontale », on adapte le filtre à la longueur de filés et, via « Seuil », on limite la luminosité des parties de l’image que l’on corrige. On peut ainsi diminuer les artefacts du fond, mais une correction plus importante ne permet pas de les éviter entièrement.
Fitswork offre une autre possibilité de corriger les étoiles déformées. On peut à ces fins utiliser la fonction « Traitement – Renforcement – Réduire le rayon des étoiles ». Dans ce cas également, il faut que les filés d’étoiles soient orientés horizontalement. Il est alors important de cocher « Horizontalement seulement », dans les réglages des filtres. Le curseur « Masquer les étoiles » permet en outre d’obtenir une représentation plus souple des étoiles, de sortes qu’elles n’apparaissent pas « découpées ». La plupart du temps, les résultats sont ici moins influencés par les artefacts.
Pour dire quelles sont les méthodes donnant le meilleur résultat, il faut faire des essais. En outre, cette technique a également ses limites : les deux fonctions ne sont à conseiller que pour des étoiles légèrement déformées, car une correction plus importante génère des artefacts involontaires. De même, Fitswork ne permet de corriger que les filés d’étoiles linéaires. Avec des objectifs de courte distance focale ou lorsque le motif est proche de l’un des pôles célestes, les filés d’étoiles sont souvent incurvés. Cette correction n’est alors pas possible.
Conclusion
Même sans suivi et avec des objectifs grand angle, on peut obtenir des images de grande profondeur. Pour les étoiles légèrement déformées, le logiciel peut apporter une aide.
Auteur : Mario Weigand / Licence : Oculum-Verlag GmbH